Recherche artistique

Politique de recherche

La recherche est fondamentalement liée à toute activité artistique. L’art s’exprime parce que l’artiste se projette dans la réalisation de son travail, alors même que le but et les méthodes fixés au départ peuvent s’éloigner sensiblement du résultat final. Et si même l’artiste exécute au quotidien son activité artistique sans (re)présentation, il prendra à un moment donné un sens particulier à la réalisation de son œuvre en la visualisant mentalement ou concrètement alors même qu’il n’est pas  dans  l’attente de sa réalisation achevée. Dès lors se construit une activité de recherche artistique où le processus artistique s’élabore donc autour d’une recherche intrinsèque de l’artiste à l’origine de l’expression de son œuvre. De ce fait, Le Septantecinq définit ses objectifs pédagogiques en fonction d’approches réflexives, plus ou moins conscientes, à partir des pratiques de recherches artistiques modernes et contemporaines.

De par sa nature unique à offrir un Baccalauréat de type court dans l’une des quatre options du domaine des arts de l’image (Graphisme, Images plurielles imprimées, Peinture et Photographie), l’ESA Le Septantecinq propose un développement de recherche artistique personnalisée à travers l’apprentissage de techniques propres à la discipline choisie et le déploiement d’une formation artistique spécialisée et transversale. Autrement dit, le projet pédagogique de l’école est de consolider les spécialisations  par l’accompagnement de la démarche des étudiants,  qui est aussi celle de saisir les enjeux de leur matière artistique tout en les confrontant à d’autres domaines d’études. Ceux-ci sont variés, et pourtant ils ont tous une cohérence autour de la notion d’écriture de l’image dans son expression la plus vaste : la création littéraire, la création sonore, la performance, l’impression, l’édition, etc.

Les cours théoriques fournissent aux étudiants une base solide à la critique intellectuelle et académique, une force nécessaire pour exprimer ses engagements artistiques et pour trouver sa place dans les divers aspects du monde culturel et politique actuel. Parce que l’ESA Le Septantecinq reste une petite école, elle offre l’avantage de pouvoir développer ses programmes pédagogiques autour d’aspects historiques et théoriques du monde de l’art en lien direct avec la pratique artistique de l’étudiant, et cela en concertation constante avec son cheminement individuel. Dans ce sens, les cours théoriques sont amenés de plus en plus à se spécialiser en rapport avec le travail artistique de l’atelier. L’étudiant est donc continuellement incité à déployer une vision personnelle et critique du monde dans lequel il vit tout en abordant son travail d’une manière réflexive.

 

Activités de recherche

 

Le Septantecinq conduit l’étudiant à être l’observateur du développement spécifique de sa recherche artistique à partir de grilles variées de lecture. En ce sens, nous ne pourrions  donner un panorama exhaustif de toutes les activités de recherche en cours.

Citons, par exemple, « Pratiques de la recherche », unité d’enseignement obligatoire pour tous les étudiants de première année. Cette unité se déploie selon une approche globale et personnalisée de la documentation propre à chaque étudiant faite d’accumulation et de classement. Et cela dans la perspective d’un soutien à l’identification de son processus de création. Une équipe d’enseignants en pratique artistique, technologique et théorique s’emploie ainsi à mettre en lumière avec chaque étudiant tout ce qui est produit, recherché, réfléchi, noté, exploré et expérimenté par lui-même. Des conférences d’artistes autour de leurs processus de recherche, mais également des visites guidées dans des bibliothèques et des médiathèques d’art et de recherche (la BAIU bibliothèque d’Architecture et Art de Bruxelles, la médiathèque d’Argos Centre for art and media...) sont organisées.

Pour l'année 2019-2020, l'artiste Lucille Calmel sera associé à l'école avec son projet de recherche art de la performance & Animaux. l'animal que donc je suis, qui a reçu le soutien du FRArt (Fond pour la recherche en art). Selon les mots de l'artiste: "Le projet de recherche artistique "l’animal que donc je suis" interroge la création avec ou pour des animaux non humains au sein de l'art de la performance. Cette recherche questionne en conséquence le lieu même de la performance, l'acte même de création, ses espaces et temporalités, Internet y compris, l'autorat, les modalités technologiques et processuelles de communication et de création avec les animaux, les conditions d’un partage avec un public. Afin de faire émerger des possibles et d'affiner des spéculations, les explorations éthiques et esthétiques de cette proposition prendront ancrage dans les écrits et interventions des penseurs/penseuses de l’art performance et des sciences animalières tout en s’enrichissant de la pratique des faiseurs et faiseuses, artistes, techniciens, éthologues. La spécificité de cette recherche inter-espèces requiert aussi une série d’expérimentations technologiques et performancielles. Seront ainsi convoqués : des animaux, des éthologues, des dresseurs, des groupes européens de recherche de communication et de création inter-espèces, une praticienne de l'hypnose, des artistes-performeurs, des machines, un hacker, des espaces Internet, des espaces à forte dominance animalière spécifiques au Japon, des chats célèbres sur Internet."

Avec son projet de recherche, Lucille Calmel interviendra dans différents cours, afin de profiter d'un dialogue interdisciplinaire avec les étudiant·e·s. En écho avec sa recherche, des autres artistes s'intéressant à des pratiques inter-espèces seront convoqués au sein du cours de Documentation et pratique de la recherche et travailleront avec les étudiant·e·s dans le cadre de workshops spécifiques: Geraldine Py et Roberto Verde, Alessandro Quaranta et Eléonore Saintagnan.

Depuis 2019, le 75 a lancé un appel à propositions, afin de soutenir concrètement des dynamiques de recherche au sein de l'école et de laisser fermenter des envies de recherche présentes et potentielles au sein du corps professoral, toutes disciplines et croisements confondus. Dans ce cadre, l'école se repense ainsi comme une pépinière, un lieu où se cultivent des processus en tant que tels, où naissent des spéculations, des réflexions et des cheminements singuliers, où s’inventent des manières de partager l’art et la vie, où s’agencent des multiples intentions et recherches. Sur bases des desirs et des besoins émérgées, des stratégies de soutien ont été ménées et adaptées aux singularités de chaque projet de recherche, par le biais d'un groupe d'accopagnement interne à l'école.

Citons aussi le Printlab, laboratoire expérimental, de recherche et de partage initié par l’ESA Le Septantecinq, autour des images imprimées. Le Printlab propose surtout de découvrir ce que l’on connaît des machines (celles que l’on a autour de nous) et comment leur donner d’autres tâches à accomplir que celles pour lesquelles elles sont manufacturées ou programmées. Les technologies open-source sont privilégiées pour permettre l’interopérabilité des différentes machines et ouvrir l’espace à des pratiques extérieures (workshops, échanges d’informations via le web, projets communs avec d’autres structures). Il s’agit de construire des outils et expériences autour de collaborations, échanges et apprentissages collectifs au sein du Printlab.

 

Responsable de la Recherche artistique : Dr. Christophe Alix 
Coordinatrice de la Recherche artistique : Michela Sacchetto